De fille à femme

Se créer une vie de femme libre et épanouie

Mon corps : mon histoire

Je ne me suis pas toujours aimée.
Image par RuthKlein

Aussi loin que remontent mes souvenirs, je ne me rappelle pas que l’on m’ait appris à respecter mon corps. Je n’ai pas de souvenirs de douceur, à recevoir, à se donner soi-même. Je vais te raconter l’histoire de ma relation à mon corps.

Mon corps ? C’est qui celui-là ?

Concernant l’hygiène et les soins corporels, c’était le strict minimum. Je n’ai guère eu de modèles de féminité, où on prend soin de soi, où on s’honore, où on honore son corps.

On n’est pas là pour s’amuser. Il faut travailler, même si on n’a pas envie, même si on est fatigué. Surpasse-toi, n’écoute pas ton corps, considéré comme paresseux. Il faut le dompter. C’était comme un combat quotidien pour le maîtriser, lui faire faire, coûte que coûte, ce qu’il était censé faire, ce qu’on attendait de lui.

Il n’était pas question d’honorer son corps ni d’être à son écoute.

Ce que j’ai appris

Dans l’éducation que j’ai reçue, il y avait de la violence envers mon corps. Les fessées se faisaient à la main ou avec un objet dur. Quel exemple m’ont laissées les personnes qui étaient responsables de moi, en agissant de la sorte ? A chaque punition par la violence, se gravait, à chaque fois plus profondément, le message : ton corps ne mérite que des traitements douloureux.

Les gestes tendres, de douceur, à côté de ça, peu nombreux, ne faisaient pas le poids !

L’éducation religieuse n’a pas arrangé les choses, car les « corrections » utilisant la violence étaient tolérées, voire encouragées. La vision du corps était très négative : objet de faiblesse ou de perdition si on s’y attachait. J’ai évolué pendant (bien trop) d’années dans un système (religieux) où on nous enseignait à servir et aimer le dieu, la communauté, les autres, avant tout. Il fallait faire abstraction de soi et se « sacrifier » pour les autres. Se préoccuper de soi, s’occuper de soi ou s’aimer, passait pour de l’égoïsme.

Ce que j’ai fait de mon corps

L’absence de paroles bienveillantes envers mon corps, en particulier à l’adolescence, l’ont laissé démuni d’attention et d’égards.

Je pressais mes boutons d’acné « pour faire sortir la saleté », comme si quelque part j’essayais de faire sortir un « mal » quelconque de mon corps. Bien sûr, ces gestes, presque maladifs, ont été en ma défaveur : des cicatrices sur mon visage, et sur le reste de mon corps. Je n’ai rien gagné à faire ça !

Personne n’a su m’expliquer le pourquoi de l’acné, ce que je pouvais faire pour éviter sa prolifération ni comment la soigner en douceur. Personne ne se posait la question. La maladie, c’était quelque chose de mal, alors il fallait l’éradiquer, par tous les moyens possibles, même en y laissant des plumes. Fallait quand même pas faire la chochotte, hein !

Quand je me faisais mal, j’appliquais la leçon qui dit qu’il faut être forte, qu’il ne faut pas montrer qu’on a mal : « Mais non, ça va, ce n’est rien ! Passons à autre chose ! » Mais, c’est du déni !

De quoi parlez-vous ?

On pense que ça fait moins mal quand on n’y pense plus, quand on fait diversion pour minimiser. C’est illusoire de croire que ça passera comme ça ! Au contraire, tout ce que je n’ai pas exprimé, mes blessures physiques, mais aussi les blessures au fond de mon coeur, se sont déposées au fond de moi. Même si je faisais comme si de rien n’était, c’était quand même là. Même si le temps passe, ça reste là.

Mon corps a gardé les choses en mémoire. Et un jour, il a commencé à développer une maladie, puis une autre, comme des signaux d’alerte : « Eh oh, sois un peu attentive à moi ! »

Mais personne ne m’avait appris à m’occuper tout de suite de mes blessures, ni à être à l’écoute de mon corps.

Donc, j’ai continué, bon gré, mal gré, en « luttant » contre ces maladies pour qu’elles « disparaissent » de ma vie. Et elles ne sont pas parties pour autant !

Mon corps devenu un étranger

Ainsi, je me suis détachée, éloignée de mon corps. Il n’y avait plus de communication. Rappelle-toi, j’avais la croyance que le corps n’est qu’une enveloppe, qu’il fallait dompter… Par conséquent, je ne l’ai pas écouté. J’ai « accepté » des événements dans ma vie où mon corps n’a pas été respecté, où mon être tout entier, tout en profondeur, n’a pas été respecté. (Attouchements sexuels, dévalorisations, moqueries, …). Je ne me respectais plus.

J’ai ainsi aussi fait des choix de vie complètement en décalage par rapport à qui je suis, car je ne savais plus qui j’étais. Je m’étais tellement décentrée, je m’étais tellement pas écoutée et j’ai tellement tiré sur la corde qu’un jour elle a craqué. Un jour, mon corps n’a plus suivi le traitement que je lui imposais, le traitement que je laissais les autres lui faire. Il était à bout, complètement épuisé. Tout s’est effondré : mon corps physique, mais aussi mon être intérieur.

Et là, au fond du trou, on a le choix entre continuer… ou s’écouter.

L’alarme a sonné

Heureusement, j’ai « appelé au secours ». Des rencontres des personnes bienveillantes et des lectures m’ont apporté une aide sous diverses formes. Enfin je commençais à prendre conscience de ce corps que j’avais ignoré longtemps. Ce corps avec lequel je n’avais pas su collaborer pendant tant d’années.

Histoire d’un début de réconciliation

Ce corps , j’ai commencé à l’écouter. J’ai commencé à changer mon regard envers lui. C’est comme si on s’apprivoisait mutuellement.

J’ai commencé à intégrer l’idée que mon corps était mon ami, qui voulait me communiquer des messages pour me faire du bien. Au lieu d’être une poubelle, ou un point de faiblesse, ou un incitateur à la débauche, il était et est toujours rempli de trésors, de richesse et de sagesse.

J’ai compris que je pouvais lui faire confiance, qu’il est bon envers moi. J’ai compris que si je l’écoute et tiens compte de mes ressentis, de mes élans de coeur, nous pouvons collaborer ensemble à une vie meilleure et plus épanouie.

Toutes ces leçons de vie, je les intègre petit à petit en moi. Je progresse. Je prends conscience et laisse les schémas, fonctionnements et modes de pensées qui m’éloignaient de mon être réel et profond, et de mon corps qui en est l’extension physique.

Cher corps,

Désolée, d’avoir agi de la sorte avec toi

Pardon, d’avoir ignoré l’importance de prendre soin de son toi

Merci, de m’avoir permis de prendre conscience de tout ça et d’avoir entamé ce chemin de réconciliation avec toi

Je t’aime

Pour prendre conscience des façons différentes de mal traiter son corps, tu peux voir l’article Touche pas à mon corps ! Partie 1. Ou alors, l’article Touche pas à mon corps ! Partie 2. Et enfin l’article Touche pas à mon corps ! Partie 3.

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