
Du matin au soir, elle entendait la même rengaine. Elle n’était jamais assez bien, ne faisait jamais assez bien… Cela bourdonnait dans ses oreilles comme un bruit de fond. En même temps, elle s’était blindée, c’est comme si elle avait posé des bouchons dans ses oreilles. Tous ces mots lui passaient au-dessus de la tête, du moins elle le pensait, pour se rassurer. En fait, c’est de la violence envers son corps physique et aussi à l’intérieur d’elle.
Des organes de notre corps très sensibles aux mauvais traitements
Beaucoup de violence s’introduit dans notre corps au travers d’organes faits pour recevoir. En plus, cela se produit en stéréo. Je parle bien sûr de nos oreilles.
As-tu déjà pris conscience de tout ce que tes oreilles entendent, ne serait-ce qu’en une seule journée ? Si tu notais tout ce que tu entendais, tu en serais bien surprise. On s’est tellement habituées, à force de l’entendre, que ça en devient banal, presque « normal » !
La violence verbale, elle peut faire d’énormes dégâts. Certains dégâts, on n’en a même pas conscience, car cette violence peut être très subtile. Mais ça s’inscrit en nous, malgré nous, je pourrais presque dire. Et puis, il existe tellement de distractions, de dérivatifs, de paroles flatteuses, enjôleuses, tartinées en une bonne couche dessus…. que ça passe inaperçu.
Le choc dans la partie visible de l’iceberg
Commençons par la violence la plus « visible » :
- Les moqueries en public, des personnes qui t’insultent dans la rue par exemple, des fois juste parce que tu es une fille, une femme.
- Dans les transports en commun, les administrations et autres lieux, on a un regard condescendant à ton égard.
- Quand on t’explique des démarches à suivre comme si tu étais une idiote, comme si tu n’avais pas d’intelligence, on te traite comme inférieure.
- Quand on ignore délibérément ta présence dans une réunion ou un débat, tu n’as guère droit à la parole. Et si tu dis quelque chose, on ne donne pas beaucoup de valeur à ce que tu dis.
La violence verbale peut se décliner en paroles dévalorisantes. De toute façon, parce que t’es une fille, une femme, tu as tous les défauts, les particularités féminines sont considérées comme des faiblesses, tu n’es jamais assez bien. A l’école, au bureau, à la maison, on te met de la pression, avec des propos sexistes. On ne te considère plus comme une personne à part entière, mais comme une catégorie inférieure possédant une vulve !
Du brutal de plus en plus subtil
On peut aussi parler du chantage affectif, qui nous sape magistralement. Pourquoi les filles sont-elles tellement dépendantes du bon vouloir des gars ?!? Pourquoi leur donnons-nous tant de pouvoir sur nous ?
Je voudrais aussi citer une violence, qui, en apparence, n’en a pas l’air, mais qui dans le fond, peut faire autant de mal. C’est l’indifférence, les silences, souvent soudains, il n’y a pas d’explication, silence radio. On ne discute pas de ce qui peut poser problème, et tu ne sais pas quoi faire de tout ça. Fuite, volonté de faire mariner sa partenaire ?
Qu’en est-il de ce qu’on entend à la télévision, la radio et autres réseaux, où on s’amuse à dire des choses qui n’honorent pas les femmes !
En ce qui concerne ta responsabilité
Pour finir, la violence verbale que l’on se donne à soi-même. Des automatismes, on répète ce qu’on a tellement entendu dire sur nous, des fois depuis longtemps, dès la petite enfance. Combien de fois, nous nous dévalorisons, nous les filles, nous nous interdisons des choses, une petite voix saboteuse dans les oreilles.
Pourquoi acceptons-nous les pressions, laissons-nous les autres nous insulter, nous dévaloriser, nous traiter comme inférieures ?
Cette maltraitance est écrite dans l’Histoire
L’héritage laissé par notre société ne valorise pas la femme, ne la considère pas comme égale à l’homme. Des hommes ont pris le pouvoir et ont décidé que les femmes (… et les enfants)… étaient des sous-catégories d’humains. Ce sont eux qui ont créé toutes les lois qui existent, que ce soient des lois sociales, éducatives, politiques, artistiques, religieuses. Partout, les femmes reçoivent moins ! Ce qui fait que pour avoir une chance d’être choisie, aimée, mariée (oui, parce qu’à l’époque, il n’y avait que le mariage pour objectif accordé aux femmes), il fallait qu’elle trouve grâce aux yeux d’un homme. « Pitié, choisis-moi, s’il-te-plaît ! » En gros, c’était ça.
En fin de compte, ça s’appelle de la dépendance. Imagine : on entretien cette dépendance depuis des siècles et des siècles… voilà notre héritage.
Il y a bien eu des femmes qui ont essayé de sortir de cette situation dominant – dominé, bien souvent au prix de leur vie. Certaines autres ont réussi à percer à travers ce patriarcat opaque, et elles sont des héroïnes pour nous.
Tu peux changer le cours de l’Histoire
Je t’invite à marcher dans leurs traces et de continuer l’élan, pour que les femmes puissent retrouver leur juste place dans la société. Pas dans une lutte « contre » les hommes, pas dans une bataille pour faire comme eux, mais dans un équilibre où la femme a la même valeur, a droit au même respect que l’homme.
Tu n’es pas ce qu’on a dit de toi, et ce qu’on veut te faire croire. Tu n’es pas ce que ton éducation, la société dit de négatif à ton sujet. Les médias, les croyances qui règnent sur notre société montrent une image faussée de la femme.
Ce N’EST PAS NORMAL de regarder une fille, une femme de haut en bas d’un regard plein de jugement. C’est de la violence envers son corps et son être intérieur !
Ce N’EST PAS NORMAL de critiquer, dévaloriser, moquer, rabaisser, humilier, non-respecter, non-honorer, diminuer, etc…une fille, une femme. C’est de la violence envers son corps et son être intérieur !
N’accepte pas cela, ne les laisse pas te faire ça !
Ne te laisse pas aller à des rêves d’un prince charmant qui va te sauver et s’occuper de toi. Je t’encourage, au contraire, à construire ta propre vie, à devenir autonome (financièrement, émotionnellement, …), pour ne jamais devenir dépendante de quelqu’un.
Changer ta vision des choses
Je t’invite à reconsidérer l’image que tu as du couple, de la vie à deux, et de construire des relations plus équilibrées, où il n’y a personne qui domine, personne qui est supérieur à l’autre. Où personne ne manipule affectivement l’autre.
Ne remets pas ton pouvoir entre les mains de quelqu’un d’autre. Ne laisse à aucune bouche le droit de te définir, de te juger. C’est de la violence envers ton corps et ton être intérieur.
Tu mérites les paroles bienveillantes, les paroles teintées de respect et d’amour.
Pour lire les autres articles liés au thème du corps, rejoins-moi sur Touche pas à mon corps ! Partie 1, et Touche pas à mon corps ! Partie 2. Découvre aussi Mon corps : mon histoire
Je te partage aussi un coup de coeur pour une chanson qui parle du même sujet que cette série d’articles, c’est la chanson de Barbara Pravi « Notes pour trop tard » https://youtu.be/p4HEauCB0Ho
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